"Le village de Ceffonds tient principalement sa renommée de la remarquable église qu'il conserve, classée
Monument Historique dès 1862.
Sa noble silhouette, qui se dégage nettement du centre du bourg, présente une architecture associant en fait
quelques éléments caractéristiques de l'art roman à un ensemble appartenant principalement à la Renaissance (style gothique flamboyant).
Du lieu de culte du XIIe siècle, l'église actuelle ne conserve que la belle tour-clocher romane
située à la croisée du transept et l'un des deux vaisseaux du transept.
L'essentiel de l'architecture témoigne en fait d'une phase de construction et de transformation couvrant tout
le XVIe siècle, ce que confirme d'ailleurs un remarquable ensemble de verrières réalisées entre 1511 et 1518.
La réalisation de la façade de l'édifice dont le portail est daté de 1562 témoigne quant à elle d'une
phase de reconstruction à mettre vraisemblablement en rapport avec les troubles religieux ayant durement opposé protestants et catholiques dans cette région.
L'édifice conserve un intéressant mobilier. On s'arrêtera en premier lieu sur un "Sépulcre", groupe sculpté
décrivant en fait la scène de l'Onction du Christ.
Situé dans la chapelle nord, cet ensemble que coiffe un dais de bois sculpté apparaît derrière une élégante
clôture en pierre dont la partie basse, pleine, supporte une fine colonnade à fûts cannelés au-dessus de laquelle repose une belle balustrade.
Le "Sépulcre" se compose de dix personnages en pierre polychrome de taille humaine disposés sur deux plans. Sur le premier, limitant la scène à chaque extrémité, apparaissent deux légionnaires romains assoupis en armes. Au centre de la composition, le Christ, qui gît sur son tombeau, est entouré de gauche à droite par Nicomède, une sainte Femme, la Vierge soutenue par Saint-Jean, deux autres saintes Femmes tenant chacune un vase à parfum et Joseph d'Arimathie portant la couronne d'épines et le suaire.
Cette œuvre d'art, de facture populaire et tardive pour ce type de sujet très apprécié au Moyen Âge, est à
rapprocher du beau Sépulcre de Joinville (vers 1550) attribué à Dominique Florentin, dont l'exemple a pu servir de modèle. Elle fut vraisemblablement réalisée après le saccage des Huguenots dans
le pays du Der lors de l'hiver 1562-1563.
Enterré lors de la Terreur, cet ensemble survécut, en partie au moins, au passage des commissaires
révolutionnaires, puisque seules trois statues dateraient de 1811 (il s'agit des deux légionnaires et de Joseph d'Arimathie).
Trois autres statues, toujours en pierre polychrome mais reposant sur des socles, viennent, malgré leur
intérêt esthétique relatif, compléter l'ornementation de cette chapelle. Il s'agit d'un Christ de Pitié et d'une Sainte-Syre en bergère réalisés au XVIe siècle ainsi que
d'une Vierge à l'Enfant du XVIIe siècle.
Les fonts baptismaux
:
On s'arrêtera également sur de beaux fonts baptismaux (fin XVe-début XVIe siècle)
situés dans la chapelle opposée à celle du sépulcre, remarquables par leurs décors. En effet, la cuve octogonale se singularise par un pied aux décors sculptés foisonnants présentant festons
ajourés formant cœurs, personnages accroupis et figures anthropomorphes et zoomorphes présentées en tête".
Les Vitraux :
"... L’église Saint-Rémi de Ceffonds est une formidable vitrine des productions de l’Ecole Troyenne. Elle
possède 14 verrières, datées de 1511 à 1524, relatant des épisodes de la vie du Christ, de la Vierge et des saints.
Les verrières ont été posées lors de la réédification de l'église au début du XVIe siècle. Fait exceptionnel, sur les vingt-deux verrières de l'édifice, seize ont conservé leur décor original. Bien qu'offerts par de nombreux particuliers et par la corporation des cordonniers, ces vitraux présentent une belle homogénéité stylistique et iconographique. Dans l'abside, les baies du centre figurent les scènes de la Passion, de la Résurrection et de la Vie glorieuse du Christ. Le côté nord illustre en revanche la Vie de saints en commençant par celle de saint-Rémi, patron de l'église, alors que le côté sud honore la Vierge.
Les verrières de l'église de Ceffonds, village de la Haute-Marne situé naguère aux confins de l'ancien
diocèse de Troyes, témoignent de la vigueur de l'influence de l'école troyenne de peinture
sur verre.
Certaines compositions de l'église saint-Rémi sont proches des verrières troyennes (en particulier des
églises sainte-Madeleine et saint-Nizier) ainsi que d'églises rurales du diocèse.
Deux vitraux de l'église de Ceffonds vont retenir notre attention. Ils illustrent des thèmes très répandus à cette époque : l'Arbre de Jessé et la Passion.
L'Arbre de Jessé de l'église de Ceffonds constitue une référence. Vers 1510, une série de cartons représentant l'Arbre de Jessé est créée pour une verrière aujourd'hui disparue et dont on ignore tout. Néanmoins, les cartons de cette série ont été réemployés dans de nombreuses églises, à Puellemontier, Herbisse, Auxon, Vaudes, Montfey, Pont-Sainte-Marie, Troyes (église sainte-Madeleine) et Ceffonds. De toutes ces églises, c'est le vitrail de Ceffonds qui est le plus ancien.
La Passion de l'église de Ceffonds s'apparente à celle, superbe, de l'église saint-Nizier de Troyes, maintes fois reproduite. Malheureusement, une bombe lancée en 1901 dans l'édifice troyen a terriblement endommagé la verrière. Il ne reste ainsi aujourd'hui de cette baie que trois scènes incomplètes mais de très belle facture. De toutes les verrières reproduisant le modèle employé à Saint-Nizier, c'est la verrière de Ceffonds qui constitue la plus complète de la série...".
Bien d'autres vitraux magnifiques témoignent de l'intense activité des maîtres-verriers de l'Ecole Champenoise de peinture sur verre...
D'autres richesses animent cette magnifique Église qui mérite vraiment que vous vous y arrétiez :
En quittant ces lieux chargés d'Histoire, le visiteur pourra enfin porter son regard sur les fort belles et rustiques maisons en pans de bois et torchis (probablement construites avant le XVIIIe siècle) situées au Nord-Est de l'église qui constituent un remarquable témoignage du type de construction rural alors usité dans cette partie de Champagne dite humide (d'où la pierre est absente)
ainsi que sur une intéressante croix de pierre datée de 1575 située à l'emplacement où s'étendait l'ancien cimetière face au portail".
(*) Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver ici l'intégralité de ces commentaires extraits de l'article passionnant et très documenté écrit par Nathalie Rougnon et Arnaud Sauer , sur le site du CDPP de l'Aube (avec l'accord de son directeur, M. François Wittersheim, que je remercie vivement).